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Ministère de la culture et de la communication - Communiqués de Renaud Donnedieu de Vabres - histoire du Fémina par Claire Gallois - 7 décembre 2004
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C’est aussi le meilleur moyen de triompher des pièges, des grimaces de la vie, refuser les défaites. La création du Prix « Femina », le 4 Décembre 1904, est sans doute la 1ère victoire obtenue pour la parité depuis celle du concile de Trente où l’on accorda aux femmes qu’elles avaient, elles aussi, une âme. A l’origine, « un hollandais putréfié de parisianisme », (c’est lui qui le dit), épris de naturalisme et devenu bigot sur le tard, Huysmans, qui déclare : « pas de jupe chez nous ».</P> <P> Chez nous ? L’Académie Goncourt, née un an auparavant, en 1903. La jupe en question ? Celle de Myriam Harry, icône parisienne qui pose drapée de soieries orientales à la Une du magazine « La Vie Heureuse » et dont les romans donnent à ses lecteurs des frissons peu catholiques, d’où le cri vertueux de Huysmans. Indignées de tant de misogynie primaire, 20 femmes vont se réunir autour d’Anna de Noailles pour fonder le Prix « Vie Heureuse », financé par la Librairie Hachette, dont la générosité ne s’est toujours pas démentie au bout d’un siècle, malgré le peu de lauréats issus de leurs éditions – merci Hachette. Elles récompenseront Myriam Harry, écartée du Goncourt pour raison de sexisme. Elles sont 20, car les Goncourt sont 10 et prétendent qu’un cerveau féminin ne vaut que la moitié d’un cerveau mâle…</P> <P> Bien avant de se rebaptiser « Femina », en 1922 et de réduire à 12 les membres de leur Jury, elles ont toutes en commun d’aimer la vie, d’aimer leurs vies, d’aimer les livres, d’écrire. A l’époque, on les appelle « Les amazones bleues ». Elles sont toutes flamboyantes, très en vue. Juliette Adam combat Proudhon en vue de notre émancipation, Séverine se bat pour la justice sociale, Myriam Harry est une spécialiste de l’Orient, Anna de Noailles et son « Cœur innombrable » est déjà très célèbre. Caroline de Broutelles dirige trois magazines dont « La vie heureuse ». Certaines portent des noms qui ont marqué l’Histoire : Mme Alphonse Daudet, Mme Catulle-Mendès, Mme Felix-Faure-Gouyau…</P> <P> Elles ont toutes en commun ce que résumera au mieux Germaine Beaumont (Prix du meilleur roman d’amour pour « Le déclin du jour » et Lauréate du Renaudot pour « Le piège » en 1954), « écrire m’a permis, en dépit de grands chagrins, de vivre dans un état d’extrême bonheur : celui d’une perpétuelle évasion ». Vivre libre, penser libre. C’est déjà la note dominante du Prix à ses débuts. Les premières jurées veulent « encourager les lettres et rendre plus étroites les relations de confraternité entre les femmes ». Le temps passant et les hommes enfin à peu près tranquillisés, l’idée de confraternité féminine n’obsède plus grand monde.</P> <P> Notre Jury a toujours su que le vrai talent est comme le sexe des anges : on ne le discute pas. Déjà, le second Prix, en 1905, est décerné à Romain Rolland pour « Jean-Christophe ». 99 ans plus tard, c’est encore un homme, Jean-Paul Dubois pour « Une vie française » qui deviendra le 58ème lauréat du sexe dit « opposé ». Et quel beau palmarès, au fil du siècle. Pour ne citer que certains noms devenus des classiques : Romain Rolland, donc, Edmond Jaloux, Roland Dorgelès (« Les croix de bois », 1919) Joseph Delteil, Antoine de Saint-Exupéry, Paul Vialar, Henri Thomas, Marguerite Yourcenar…</P> <P> Sans oublier de saluer avec le plus profond respect et la plus grande fierté l’attitude de ce Jury qui ne décerna aucun Prix pendant les 4 années de guerre et d’occupation – alors que le Goncourt ne s’abstint qu’un an - pour l’attribuer en 1944 à la collection « Sous l’oppression » aux Editions de Minuit, première édition officielle des 20 ouvrages publiés clandestinement sous l’occupation et dont les auteurs n’étaient pas des moindres : Forez, (François Mauriac), Laurent Daniel, (Elsa Triolet), Paulhan, Julien Benda, Vercors…</P> <P> En 2004, nous sommes moins flamboyantes que nos belles fondatrices, faute de combats nouveaux pour des causes nouvelles. Notre époque préfère les Stars Académies et nous sommes devenues, avec humilité, les stakhanovistes de tant de livres à lire. Plus de 600 à chaque rentrée… Nous demeurons les dépositaires de statuts établis dans le but d’ « encourager une carrière et récompenser une œuvre originale, témoignant de réelles qualités de pensées et de force et qui soit en même temps une promesse d’avenir ». Mais qu’il y a-t-il de plus incertain que l’avenir ? Qui peut, en toute bonne foi, décréter que tel ou tel titre est le meilleur de l’année ? Nous discutons, nous peinons, le ton monte, chacune prêche pour ses goûts, ses couleurs, une conviction l’emporte, les sourires reviennent. Une seule certitude : on risque moins de se tromper à douze que seule.</P> <P> Nous avons donc cent ans… Certes, nous ne sommes pas toutes jeunes, cela se voit aussi, certains nous le reprochent : qu’ils comprennent enfin qu’on ne peut exercer ce bénévolat plein d’astreintes à 20 ans. Il faut avoir beaucoup écrit, beaucoup lu, beaucoup retenu pour tenter une approche du paysage littéraire contemporain, il faut pouvoir replacer un roman dans une bibliothèque de références. D’ailleurs, à l’origine, elles n’étaient pas gamines, les Dames du Femina. Juliette Adam était née en 1836 et « Le livre de Jade », de Judith Gautier était paru en 1876… Et si l’on veut sourire, nos choix eux-mêmes témoignent d’une expérience, en reprenant nos titres de ces dernières années : « Dans ces bras-là », « Rosie Carpe » a connu « L’amour noir », au cours d’ « un week-end de chasse à la mère » mais « La classe de neige » s’arrête à « Port-Soudan » car « Nous sommes éternels ». </P> <P> Comme par hasard, aucun membre, d’aucun Jury littéraire n’appartient au clan des jeunots, les plus récentes recrues dépassent les 40 ans. Et nous, notre supériorité sur certains est que nous ne dirons jamais : « Nous sommes de grands hommes ». </P> <P> Claire Gallois</P> <HR SIZE="1" NOSHADE="NOSHADE"> <DIV ID="retour">[ <A HREF="../../dis.htm" CLASS="liensoul">Discours et communiqués</A> ] </DIV> <HR SIZE="1" NOSHADE="NOSHADE"> </DIV> </BODY> </HTML>